A l’orée d’une conscience autre, l’âme prisonnière d’un cœur trop tendre et l’esprit entravé par des pensées trop élémentaires, la Première avait lutté des siècles durant pour rester éveillée.
La mort d’une la projetait dans le vide spectral, en stase, dans le chaos perpétuel de l’autre monde. La naissance de la suivante l’absorbait avec violence, comme une arme lancée avec fureur au front de l’ennemi. Leurs esprits se mêlaient, puis s’entrechoquaient, souvent indéfiniment, parfois finissaient par s’accorder.
Elle avait patienté, depuis la naissance de l’Originelle jusqu’à la délivrance de l’Ultime. Le chant guerrier et fédérateur des Rusées ne se ferait plus jamais entendre. Délivrée de sa malédiction, de ses entraves de chairs et de pensées autres, enfin.
Revenue d’entre les spectres, libérée de la surveillance des Parques, jamais morte mais privée de vie, La Malsonge porte de nouveau son regard sur le monde.