Si certaines de ses nuits étaient tourmentées, son sommeil assailli par les spectres de son histoire éclatée, d’autres étaient bien plus apaisantes malgré le peu d’heures consacrées au repos. Elle se souvient encore d’un de ces matins là, malgré son esprit encore embrumé elle avait ressenti très tôt les courbatures nouer son corps.

La douleur physique pour la béatitude de l’esprit.

Elle avait lentement bougé, s’éloignant de cette peau chaude, vivante et bien trop présente à son goût. Il n’y avait qu’une chose qu’elle déplorait à propos de ces ébats prolongés trop tard dans l’obscurité de la nuit… Il lui fallait toujours se réveiller aux côtés de quelqu’un. Un coup d’œil rapide lui avait alors appris que lui aussi était bien et bien réveillé, elle était à peu près certaine que c’était ses yeux, bien trop bleus, posés sur elle qui avaient fini par la sortir de ses songes. Combien de temps l’avait-il ainsi léchée du regard ? Dans sa mémoire ce détail avait ravivé sa rogne de la veille.

En quelques contorsions elle s’était assise sur le bord du lit et avait attendu un instant que sa tête cesse de tourner. Les longues flammes de ses cheveux s’étaient écoulées le long de son dos, caressant sa peau nacrée et elle avait pu sentir la pulpe de ses doigts venir danser dans le creux de ses reins. A cet instant précis elle s’était jurée de ne plus jamais venir le voir, maudissant le frisson qui était venu titiller jusqu’à ses orteils.

Malgré l’envie irrépressible qu’elle avait eu de sortir de cette chambre elle se souvient avoir pris tout se temps pour se rhabiller. Aujourd’hui elle se dit que c’était sans doute pour pouvoir lui dire au revoir.

Presque à l’embrasure de la porte il avait finalement ouvert la bouche, jusque là il s’était contenté de l’observer, détaillant chacune de ses courbes avant qu’elles ne disparaissent sous les étoffes. Doucement, de sa voix suave et réconfortante, il s’était enquit de son bien-être en soulignant que la veille il l’avait trouvé fébrile et courroucée, que ça n’était pas dans ses habitudes.

Il n’y avait eu alors qu’une voix pleine de flegme pour lui répondre, l’instant d’après le corps désiré avait disparu dans les escaliers.

« Etre dans mon lit ne fais pas de toi mon ami, Néryl, occupe toi de tes affaires. »

Quand elle y repense aujourd’hui elle ne peut s’empêcher de se dire qu’il ne s’agissait pas de son lit et, finalement, elle sourit.

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